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Dossier : Valorisation des fourrages « Du bois à 15 € le stère pour alimenter une chaudière à plaquettes »

Cédric Jacques, éleveur dans le Jura et associé du Gaec des Fiouves, possède une chaudière à bois déchiquetés pour alimenter en air chaud une installation de stockage de foin en grange. Cette solution correspond parfaitement à la situation géographique de l’exploitation, établie à 800 m d’altitude, sur le deuxième plateau du Jura, et à la production de lait à comté en AOP.

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S’affranchir de la météo, assurer la qualité des fourrages, limiter la distribution d’aliments concentrés… »

Les arguments cités en faveur de la chaudière à bois déchiquetés alimentant un système de séchage du foin en grange ne manquent pas chez Cédric Jacques, l’un des trois associés du Gaec des Fiouves, situé à Doye (Jura). Cette exploitation laitière, installée sur le deuxième plateau du Jura, à 800 m d’altitude, produit du lait à comté en AOP. Ce dernier impose, par un cahier des charges strict, l’affouragement exclusivement sec en foin et regain en hiver, et en herbe en été.

Cédric Jacques, l’un des trois associés du Gaec des Fiouves, a installé une chaudière à plaquettes de bois déchiquetés dans l’un des bâtiments de stockage des fourrages.
Or la pluviométrie élevée de notre région agricole, pouvant cumuler 1 700 mm de précipitations par an, s’avère contraignante, notamment au début de la saison des foins. Deux à trois jours de beau temps s’avèrent souvent insuffisants pour bien sécher le fourrage au sol, notamment fin mai, début juin. De plus, l’exploitation compte une vingtaine d’hectares de mélange de luzerne qui, pour être bien valorisés, doivent être fauchés tous les trente jours. C’est pourquoi nous pratiquons le séchage en grange, depuis 1977, initialement associé à une chaudière au fioul, assez gourmande en énergie puisqu’elle consommait en moyenne 10 L par heure. »

L’autre particularité de cette région agricole est l’accès à une ressource en énergie de relativement bon marché : le bois.

« Nous en trouvons à un prix avoisinant les 15 € le stère en raison, notamment, d’un verre parasite asséchant le cœur des sapins et épicéas dans nos forêts. »

En 2012, à l’occasion d’une restructuration de l’exploitation, les associés construisent un bâtiment neuf au sein du siège principal. Ils y installent deux cellules sur caillebotis d’une surface de 195 m2 chacune (section de 15 x 13 m). Cette nouvelle construction accueille un capteur solaire afin de récupérer la chaleur sous les pannes de la charpente. L’ancien bâtiment de stockage, pour sa part, avec deux cellules de 11 x 13 m, ne pouvant être ainsi équipé, reçoit une chaudière à plaquettes de bois déchiquetés, de 250 kW, produisant 10 000 m3 d’air par heure à 100 °C. La machine alimente un ventilateur radial, de 20 ch, et deux axiaux, de 15 et 10 ch, empilés l’un sur l’autre et montés en série, afin d’assurer une pression suffisante et limiter les problèmes de passage d’air dans le tas, y compris lorsque celui-ci mesure 9 m de haut. Pour aider la remontée de l’air, après les foins, les associés creusent à la griffe une cheminée de la grandeur du grappin afin de sécher les autres coupes. Un caisson répartiteur permet d’envoyer l’air indépendamment dans l’un ou l’autre des ventilateurs, ou dans les deux simultanément.

Fournie par le constructeur autrichien Lasco, la chaudière représente un investissement, installation comprise, de 51 500 € HT.
Ceci permet d’ajuster la quantité d’air à souffler selon le volume et l’humidité du foin. Cela autorise également le tri, selon la qualité du fourrage, entre l’une ou l’autre des cellules, un chargement réalisé en milieu de journée étant moins sec qu’en fin d’après-midi », annonce l’éleveur.

Pour contrôler le système et connaître l’état de séchage du fourrage, des sondes de température et d’hygrométrie sont positionnées sous les caillebotis et au-dessus du tas.

Une logistique bien rodée

Afin d'approvisionner la chaudière, le bois est, dans un premier temps, déchiqueté par un broyeur, une opération effectuée par un prestataire externe.

Dans un hangar à matériels, un espace d’environ 300 m3 est réservé pour le stocker. Situé à 50 m de la chaudière, il impose une manutention deux fois par jour, qui prend environ dix minutes à l’aide d’un godet à neige de grand volume. Un vieux tracteur, équipé d’un chargeur, est dédié à cette tâche », explique Cédric Jacques.
À proximité de la chaudière, un espace d’environ 300 m3 sous le hangar abritant le matériel est réservé au stockage du bois déchiqueté.

À l’heure du bilan, l’agriculteur estime que la chaudière garantit la qualité du fourrage, dont le taux d'humidité de 30-40 % est réduit à moins de 15 %.

Toutes les feuilles restent sur les tiges, ce qui permet de se passer au maximum de concentrés. »

Parmi les points à améliorer, l’éleveur regrette un léger manque de puissance de la chaudière, notamment lorsqu’il faut réchauffer les deux cases simultanément, et le manque d’espace de stockage, lors de la récolte. Pour y remédier, les associés pensent déjà à créer une nouvelle cellule, de 12 x 15 m, dans l’ancien bâtiment déjà desservi par la griffe attenante à ce stockage.

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